Convergence de l’âge de départ à la retraite entre la France et l’Allemagne et analyse démographique
L’annonce de François Fillon, le 22 septembre dernier, de la volonté du gouvernement d’une convergence sociale entre la France et l’Allemagne afin de maintenir une compétitivité française en Europe a fait grand bruit, en particulier en ce qui concerne l’âge de départ à la retraite. Outre des chiffres inexacts et une déclaration que l’on peut qualifier de maladroite, il convient de réfléchir en terme démographique pour mieux appréhender la question.
Si l’Allemagne est souvent considérée, en terme de compétitivité, comme un « exemple » en Europe, cette exemplarité ne peut être valable dans l’absolu ni utilisée comme prétexte à toutes les déclarations. On oublie fréquemment, et c’est une erreur pourtant lourde de conséquences, de comparer les situations démographiques entre les deux pays. Eurostat en effet prévoie un écart de 30% entre les ratios des 15-64 ans pour une personne en âge de travailler en France et en Allemagne à l’horizon 2060. Si les chiffres absolus de la population totale des deux pays vont converger (70,8 millions en Allemagne et 71,8 millions en France alors que les chiffres actuels sont respectivement 82,1 millions et 62,6 millions), les évolutions les plus importantes se feront donc en terme de structure par classe d’âge. Même si l’intervalle 15-64 ans censé représenter la population active est discutable sur sa limite inférieure, l’écart de 30% prédit par Eurostat est largement significatif.
Bref, en 2060, l’Allemagne pourra compter sur moins de 1,7 personnes actives pour 1 personne de plus de 65 ans et la France sur moins de 2,2 personnes actives pour 1 personne de plus de 65 ans.
En Allemagne, Eurostat prévoit une perte démographique globale d’environ 20 millions due au déficit de naissances par rapport aux décès, en parti compensé par quelques 8 millions d’apport migratoire. En France, l’augmentation de la population totale serait le résultat de l’augmentation du nombre de personnes plus âgées (de 10,5 millions à 18,8 millions). Et l’excédent de naissances de 5,6 millions serait conforté par un apport migratoire de 4,3 millions. C’est précisément cet excédent qui change la donne. Et qui devrait inviter les dirigeants français à ne plus prendre l’Allemagne comme référence absolue, et à insister peut être davantage sur la politique familiale…